Syndrome dilatation torsion de l'estomac
- La dilatation de l’estomac est une maladie sérieuse et potentiellement fatale si un traitement rapide n’est pas mis en œuvre.
- Une décompression d’urgence de l’estomac et la fixation de ce dernier sur la paroi abdominale sont nécessaires.
- Le taux de survie après chirurgie est de 90 % si l’estomac n’est pas en voie de nécrose. Si une portion de l’estomac est dévitalisée, le taux de survie n’est plus que de 50 % malgré des traitements médicaux et chirurgicaux.
- Une chirurgie préventive réalisable sous laparoscopie est possible chez les chiens dont la race est prédisposée à cette affection.
Introduction
L’estomac est situé dans la partie crâniale de l’abdomen et est la première partie du tractus gastro-intestinal de l’abdomen. Le syndrome de dilatation torsion de l’estomac (SDTE) est une affection qui débute avec la distension de l’estomac par des aliments, des liquides comme l’eau de boisson, ou par de l’air en raison d’une respiration haletante. L’estomac tourne ensuite dans le sens des aiguilles d’une montre lorsqu’il est dilaté. La voie d’entrée de l’œsophage et la voie de sortie vers l’intestin sont occluses et les aliments, liquides et air ne peuvent ressortir. Des efforts de vomissement non-productifs s’ensuivent.
En raison de la torsion et du déplacement de l’estomac, l’apport sanguin peut être bloqué et tout ou une partie de la paroi de l’estomac peut mourir. Le risque de nécrose gastrique est d’autant plus grand que le temps de torsion a été long avant le traitement d’urgence.
Une autre conséquence est l’occlusion de la veine cave qui ramène le sang de tout l’arrière du corps et entraîne un choc. Le choc est une situation dans laquelle une perfusion insuffisante des organes est fatale si elle n’est pas traitée. Les signes cliniques sont une pâleur des muqueuses, une tachycardie, un pouls faible.
Les animaux en SDTE sont généralement très faibles et nécessitent un traitement agressif immédiat.
Moins fréquemment, les nerfs de l’estomac sont endommagés par la SDTE et entrainent une paralysie des muscles de la paroi de l’estomac. S’ensuit une dilatation chronique ne répondant à aucun traitement.
Traitement de la SDTE
Des voies veineuses sont placées et des fluides et médicaments administrés afin d’essayer de contrer l’état de choc. Des procédures de décompression sont ensuite mises en œuvre. Un anesthésique est administré et un tube et passé dans l’estomac via l’œsophage afin de vider l’estomac au maximum. Si le tube ne peut être passé dans l’estomac à cause de la torsion de l’œsophage, une grosse aiguille est placée dans l’estomac à travers la paroi abdominale afin d’amorcer la décompression.
Quand son état le permet, l’animal est opéré. Des signes de nécrose sont recherchés sur les organes. L’estomac est repositionné et peut être ancré sur le coté droit de l’abdomen pour prévenir les récidives. Parfois, une zone de nécrose est décelée sur l’estomac et nécessite son ablation. Lorsque trop d’estomac est touché, l’euthanasie peut être recommandée. Si l’estomac n’a pu être vidé par le tube œsophagien, il est alors ouvert pour être vidé.
Parfois, la rate est également tordue et des caillots sanguins se sont développés dans ses vaisseaux. L’ablation de la rate (splénectomie) est alors nécessaire. Les chiens peuvent vivre normalement sans rate.
L’animal peut aussi présenter des troubles du rythme cardiaque. Ils sont présents dans environ 40 % des cas si un problème de rate nécessite son ablation. Ces troubles peuvent être létaux et nécessitent un traitement particulier.
Soins post-opératoires et convalescence
Après chirurgie, des soins intensifs sont nécessaires pour espérer une issue heureuse. Des perfusions et des antibiotiques sont administrés durant au moins 24h. La pression artérielle est surveillée régulièrement. L’ECG est surveillé pendant et après la chirurgie, afin de déceler précocement les arythmies pour les traiter si besoin car elles peuvent être, bien que peu fréquemment, fatales.
Des signes de coagulation intravasculaire disséminée (CIVD) sont recherchés. Dans ce cas, le mécanisme de coagulation s’emballe et des caillots se forment n’importe où, une défaillance multiorganique apparaît ensuite avec un défaut de coagulation. La CIVD est souvent fatale, d’où la nécessité d’un traitement précoce.
En général, environ 90 % des animaux présentant un SDTE survivent s’ils sont traités rapidement. 10 à 14 jours après, la majorité des patients vont très bien. Si une portion de l’estomac est morte et doit être retirée, le taux de survie n’est plus que d’environ 50 %.
Une activité restreinte de 3 à 4 semaines doit être mise en place afin que les sutures de l’estomac ne cèdent pas. Les balades doivent être uniquement hygiéniques et en laisse, les jeux, sauts et courses étant proscrits.
Après que l’animal ait présenté un SDTE, la ration alimentaire doit être divisée en 2 à 3 repas et l’exercice limité, 2 heures après le repas, afin d’éviter les ballonnements (la torsion ne peut plus se produire du fait de l’opération). La dilatation chronique est un problème possible suite à un tel épisode.
Complications possibles
- Comme lors de toute chirurgie, des complications peuvent survenir. Bien que rare, un décès lors de l’anesthésie peut survenir. Grâce à l’utilisation de protocoles anesthésiques modernes et d’appareils de monitorage (ECG, oxymétrie pulsée), le risque est minimisé.
- L’infection est une complication peu fréquente puisque des techniques de stérilité strictes sont utilisées pendant l’intervention et que des antibiotiques sont administrés.
- Arythmie cardiaque.
- La CIVD entrainant une défaillance multiorganique, des troubles de la coagulation et souvent la mort.
- Lâchage de l’attache de l’estomac sur la paroi (gastropexie) dans moins de 5 % des cas.
- Dilatation chronique. Peu fréquente, elle est due à un défaut fonctionnel du muscle de l’estomac. Des médicaments peuvent être administrés, mais l’efficacité se limite à 50 % des cas. L’aspect clinique est similaire au SDTE, mais l’estomac ne se tord pas.
- Du fait de la grande variabilité de l’état des animaux présentant un SDTE, il est difficile de prévoir si votre animal va présenter des complications post-opératoires. En général, les animaux avec une nécrose gastrique se portent beaucoup moins bien que ceux avec un traumatisme minimal.
Pronostic
En cas de prise en charge rapide, environ 90 % des chiens traités et opérés survivent.
Si au moment de l’intervention une portion de l’estomac est morte, les chances de survie sont de 50 %.
Chirurgie prophylactique (préventive)
- Une chirurgie préventive peut être réalisée afin de minimiser les risques de SDTE chez les sujets à risque comme les Dogue Allemands, Berger Allemands, Irish Wolfhounds, Dobermans et autres chiens à grand thorax étroit. Les Dogue Allemands sont les plus à risque et une étude montre que 25 % d’entre eux dilatent durant leur vie.
- Cette chirurgie peut être faite dès l’âge de 6 mois. Elle présente peu de risques, le temps anesthésique et l’hospitalisation sont plus courts, et le coût moindre que lors de SDTE.
- Cependant, il faut garder à l'esprit que la meilleure prévention de la SDTE reste l'utilisation d'une alimentation de bonne qualité, le fractionnement des repas, et l'interdiction d'exercice après les repas, notamment après le repas du soir.